Ce matin, je me suis réveillée avec un immense sentiment de solitude. Je me sens seule au monde. Je veux partir d'ici retourner dans la région de mon enfance où une partie de ma famille habite encore. Du même souffle, j'ai téléphoné à l'autre recourant à son aide. Il ne peut venir, il part pour le travail. Il a cherché des solutions. Venir plus tard. M'appeler au court de la journée.
Cet appel impulsif était une mauvaise idée. Mais pourquoi j'ai fait cela ? L'envie de pleurer devient de plus en plus forte. L'apitoiement s'installe. J'ai envie de crier. «JE NE VEUX PAS. C'EST TROP DIFFICILE DE ME PRENDRE EN CHARGE. JE N'AI PAS LA FORCE». Je me sens comme une enfant impuissante et sans ressource.
Les pensées sombres se mettent de la partie : Je n'ai pas d'amis, pas de travail, je suis toujours seule, isolée ; Tout le monde a une vie formidable, sauf moi qui n'ai rien, je ne suis rien ; Je ne trouverai jamais de travail ; Si au moins j'avais un travail ; Je prends du poids, c’est la panique. NON ! pas ça… ; Je perds le contrôle de mon poids…
Je suis vraiment dans un trou noir ce matin. J'ai un rendez-vous avec une conseillère en employabilité dans deux heures. J'ai envie de tout annuler. Je n'ai pas la force d'affronter ma vie. Mais pourquoi je me sens ainsi ce matin ? Hier soir je ne suis pas allée à mon groupe de DAA. Je trouvais trop difficile d'avoir à rencontrer des gens, de me confronter à moi-même, de me prendre en charge.
La vie est remplie d'opportunité de rencontrer des gens, de se faire des amis, de sortir de son isolement… Et, juste en écrivant ce genre de pensées, je me sens mieux. Pourquoi ? Parce que mes pensées sont moins dramatiques, défaitistes, négatives. Pourtant il y a quelques minutes à peine j'étais en colère contre l'autre. Je lui en voulais du plus profond de mes tripes d'être aussi égoïste et de ne pas vouloir venir m'arracher à ma grande souffrance. Je voulais partir d'ici et retourner auprès de ma famille (mais mis à part une de mes sœurs, je n'ai pas de liens significatifs avec aucun d'entre eux) alors qu’est ce que pourrais bien faire là-bas? Me sauver de quoi au juste? Encore le réflexe d'aller vers l'extérieur pour trouver du réconfort à mon mal de vivre. De chercher la solution chez les autres. Je dois cesser de me fuir, moi, mes émotions. Elles m'appartiennent, j'en ai la responsabilité. Je dois apprendre à les gérer différemment…
D'aller à ce rendez-vous pour me trouver un emploi m'oblige à me prendre en main. Est-ce à cela que je résiste inconsciemment ? Je veux du travail. Je le cri sur tous les toits. Quand je vais avoir un travail, tout sera réglé et je vais pouvoir avoir des projets. Ma vie sera remplie et tout va s'arranger. Vraiment ? Ma pensée est-elle vraiment réaliste présentement? J'en doute. Je me remémore les nombreuses années pendant lesquelles je travaillais. Étais-je plus heureuse ? Non. Mon mal de vivre était là, bien présent, mais dilué, engourdi, gelé.
J'apprends par contre que l'isolement est mauvais pour moi. J'en expérimente les conséquences depuis quelque temps. En fait, de ne pas avoir été aux DAA hier soir était une mauvaise décision. J'ai passé la soirée devant la télévision seule à manger. L'ordinateur ouvert en attendant que quelqu'un vienne me sortir de ma solitude. Je sais, que si j'étais allée aux DAA, j'aurais pris soin de moi adéquatement et je ne me sentirais pas ainsi ce matin. Je me suis isolée et ce matin je veux que l'autre ou n'importe qui viennent prendre soin de moi et s'occuper de moi. Faire disparaître mon mal de vivre.
Je voudrais restée dans mon lit comme lorsque j'avais 7 ans et que ma mère était à l'hôpital. Je vais me lever quand ma source de sécurité affective sera de retour. Sinon, j'attends. J'attends qu'on vienne me sauver. Écrire me fait un grand bien. Je réalise comment je fonctionne. Ce qui se passe en moi. Il est irréaliste de penser que je ne trouverai jamais de travail. Cela peut être plus long que prévu mais ça viendra en continuant à faire ce qu'il faut pour cela.
J'ai la capacité de me créer un réseau. Mais cela n'arrivera pas en restant chez moi en attendant que quelqu'un vienne me sauver et tout régler à ma place. Ma vie est ma responsabilité. Je sais que la partie n'est pas gagnée. Mes ancrages et croyances sont bien enracinés et j'ai des années de codépendance derrière moi. Alors je vais essayé, 24 heures à la fois d’avoir une vision plus réaliste de moi et des autres. Je suis consciente que j'idéalise la vie des autres. J'ai toujours fait cela. Tout le monde est heureux sauf moi. Tout le monde à une vie formidable sauf moi. J'ai la croyance que sans un homme pour m'aimer je perds de ma valeur. Que je suis moins si on ne m'aime pas. Que j'ai BESOIN d'un amoureux pour me sentir bien et avoir une vie heureuse.
Pourtant, j'ai été en couple de 20 à 46 ans et je n'ai jamais été vraiment HEUREUSE. Et est-ce vraiment un BESOIN d'avoir un amoureux? En ai-je besoin comme de boire ou manger ? Actuellement, j'ai l'impression que oui, mais par contre, je ne fais pas comme par le passé. Je ne cherche pas à trouver une relation amoureuse rapidement. Pourquoi? Peut-être parce que je commence à comprendre des choses.
ISA